Être


Être ou ne pas être ? est certainement la question qu'une poignée de journalistes sportifs a dû se poser il y a quelques mois lorsque, depuis le fauteuil installé à peu de mètres de ma lucarne lumineuse, je constatais quelques disparitions parmi les correspondants de mes émissions télévisées favorites. Tour à tour s'évaporaient les meilleurs, les très smarts Darren et Mary puis Rodolphe, le facétieux complice de mes émotions rugby. Volatilisés. Mon canal devenant moins au détriment du plus, je zappais jusqu'aux ampoules dans le but affiché de remettre la main sur mes trois copains qui n'étaient pas plus présents ailleurs sur la grille des programmes où je pus constater que maints chroniqueurs manquaient également ça-et-là à l'appel. Vint alors le désespoir.
Un son cependant. Enfin, un son écrit, la moitié d'un cui-cui qui disait à peu près ceci : "Sommes sur la plus grande plage du monde. De retour bientôt avec des mages et surtout avec l'Euro". Puis le chant a enflé sur la toile, évoquant les grandes célébrations footballistiques, les très courus Jeux Olympiques, du rugby à XIII... le tout pour une recette imaginée par le pâtissier Charles-Pierre avec toute la crème du journalisme sportif pour nous permettre d'être dans le sport et pour que le sport soit en nous à chaque heure de tous les jours. BeIN Sport, c'est la toute nouvelle chaîne qui se présente comme un sorbet dans le PAF surchauffé de notre beau pays et elle est en HD. Mais ce n'est pas tout, comme une cerise couronnant la plantureuse confiserie la petite BeIN Sport 2 devrait commencer à émettre dans quelques jours. 
À la question "Être ou ne pas être ?", il semblerait que Vanessa, François et les autres aient choisi d'être. Moi aussi, pour tout vous dire, j'ai préféré l'option 100 % sport de BeIN.

... et mauvaises herbes



Tenter une analyse des particularités du football français d'aujourd'hui équivaudrait à expulser quelque fluide pressant en direction d'un stradivarius pour lui faire jouer la Marseillaise et, tandis que la France s'indigne qu'une poignée de gamins impolis estiment leur talent au-dessus des règles les plus élémentaires du respect d'autrui, je ne sais plus trop où situer l'origine du mal entre la carence éducative, l'air du temps et la déroute progressive du sport professionnel. 
Nasri, Ben Arfa, Menez, M'Vila sont des noms que nous pourrions rajouter à la déjà trop longue liste des autres cavaliers de l'apocalypse sud-africaine où l'opprobre bleue avait déjà outrepassé les limites du terrain pour aller fleurir au fond d'un autocar. Pour l'heure, et en attendant les décisions de la commission de discipline qui devrait sanctionner durant l'été, la 3F a d'ores et déjà bloqué les chèques de l'Équipe de France pour l'Euro. Si vous voulez mon avis, il y en a quatre qui ne devraient jamais rencontrer leurs destinataires initiaux et j'en profite pour proposer que ces 400.000 euros soient reversés au football amateur, grande victime (en terme de licences) de nos garnements à la langue bien pendue et qui risquent en outre de quatre matchs à deux ans de suspension. Autrement dit, du temps pour réfléchir et pour se relire le Bescherelle. Pour certains, il y aura même beaucoup de temps pour regarder à la télévision les copains qui disputeront la Coupe du Monde au pays où les fesses sont les plus belles de la galaxie.
En juillet 2010 à la prise de fonctions du chevalier Blanc, nombreux furent ceux, vous aussi peut-être, à croire en une nouvelle ère bleue. Une nouvelle époque où l'on aurait pu, au moins grossièrement, effacer des mémoires les attitudes scandaleuses du Mondial précédent jusqu'à peut-être les requalifier en bévues et autres erreurs de jeunesse. Après un décollage réussi, ces Bleus-là se sont écrasés lamentablement quelque part dans l'est de l'Europe.
Juillet 2012, voici venu le temps des rires et Deschamps aura sans aucun doute fort à faire sur cette île aux enfantillages qu'est la sélection française. Quelque chose me dit que sa première mission sera de découdre du maillot de ses successeurs cette étoile témoin d'un temps où le talent était un titre de responsabilité. La seconde sera certainement de trouver son Didier, son capitaine et complice à l'instar de celui qu'il a été pour un certain Aimé.



Graines de...



Voulez-vous savoir l'âge que j'avais en 1974 ? Je ne vous l'avouerais pas même en rêve, même pas après une fondue trop arrosée si l'idée vous venait de tendre une herse à ma pudeur. Tout ça pour vous parler d'un homme si passionné que les clôtures ne l'ont jamais arrêté depuis 1974, en presque quatre décennies de foi pas toujours récompensée. Vous savez bien sûr que je vous parle de Louis "Sid" Nicollin, plus qu'un patron de club, un père. Son club, ou plutôt devrais-je dire celui qu'il offre à la Paillade, à Montpellier et à l'Hérault, a su jouer des coudes avec fraîcheur et maints talents combinés pour se frayer un chemin jusqu'à la crête du mont Ligue 1 et y soulever... l'Hexagoal. Je serais d'accord avec vous si vous me disiez qu'il y a là un os mais achevons, le sujet n'étant pas le design du trophée décerné à ce qui se fait de mieux comme écurie dans le football français, mais bien que cet effroyable boulon soit, au moins pour une année, du côté de Grammont.
Grammont justement, domaine anciennement consacré à la production de grains à vin et désormais usine à LoloBlancs et autres Belhandas, qui fait la fierté affichée du club orangé-bleu à une époque où seul le chéquier semble faire pencher le coeur de l'autre côté de la passion. Et pourtant, on suppose facilement que la tentation put être forte pour notre entêté néo-punk d'ouvrir les vannes du pognon et de s'offrir les escouades qui l'auraient mené tout droit en tête des charts footballistiques, mais il n'en fut rien. Ou si peu, d'autant qu'il n'est pas si vieux le temps où l'on savait le MHSC avec un pied et trois orteils dans la tombe de la Ligue 2, plusieurs années à errer devant les portes du "National".
Puis, comme un super-héros, est arrivé l'ouragan Courbis. Semant la tourmente mais aussi et surtout le succès, il lui aura fallu trois ans à faire tourbillonner les vents et à programmer la grêle pour ramener le club pailladin dans le cercle de l'élite dont il était exclu depuis trop longtemps. Et puis Rolland est reparti, comme le modeste super-héros qu'il est, certainement à la recherche d'un nouveau club à préserver du naufrage et offrant les clés de la Ligue 1 à un autre sauveteur en mer, René Girard autrement appelé René Girard. En résumé, il faudra à René Girard (donc...) trois années et une pincée de Gambardellas pour permettre enfin à Loulou de s'offrir un relooking.
À l'heure des comptes, il ne reste que du bon et du bonheur à tirer de cette épopée montpelliéraine : le titre d'abord, l'accession directe en Champions League ensuite mais par dessus tout le reste la joie d'un public resté fidèle à une certaine idée du sport. Pour les paillettes, on parlera du titre de meilleur buteur pour le vertueux Olivier, titre qui lui ouvrira les portes de la sélection Blanc des bleus pour l'Euro mais surtout celles, à Londres, de la maison d'Arsène : l'Arsenal. La fierté est donc à l'ordre de l'été du côté de la Butte, d'autant que le remplaçant du désormais anglais Giroud laisse présager quelques montées de températures pour le championnat à venir et que les courtisans commencent à affluer avenue de Heidelberg.
Non, je ne vous dirai pas mon âge, par contre je vous ferai cet aveu : Ligue 1, Gambardella, Hexagoal étaient des notions inexistantes dans mon univers jusqu'à ce que Geoffrey et ses copains me contaminent de leur bonne humeur, leur jeunesse et leur envie de bien faire. C'était il y a quelques mois, à La Mosson.
Aujourd'hui, je n'ai qu'une hâte et c'est de voir très vite approcher le 10 août et la reprise du Championnat  avec un match de mes chouchous pour en donner le départ.

Caravane



Du Tour de France ne me reviennent que quelques clichés un peu flous. D'abord, il y avait peu d'aficionados de la "Grande Boucle" parmi les proches de mon enfance, et puis il y avait surtout de nombreuses activités estivales de plein air qui me donnaient envie de tout sauf de camper devant la télévision à regarder pédaler des grappes d'insensés. Car c'est bien là une des images les plus frappantes qui m'ait suivie jusqu'ici, le long de toutes ces longues années, l'apparente aliénation de cyclistes de tous pays n'hésitant pas une seule seconde à monter, descendre, s'échapper, sprinter... mais surtout concourir par tous les temps sur des machines infernales de maigreur et en un itinéraire incompréhensible. Le tout formant, depuis mon canapé, une épreuve d'un sadisme inouï déchaînant compétiteurs et foules avides de sang, de sueur et de larmes. J'exagère à peine.
Après la douleur inspirée par l'effort de dizaines de cuisses au bord de la crise de crampes, je crois que l'engourdissement pourrait être le second sentiment me dominant au sujet du Tour de France. On a beau vivre en Californie française comme moi, il arrive parfois que la météo nous contraigne à rester à l'abri quelques après-midis dans l'été. Pour autant que je me souvienne, les paysages assommants qui s'emparent du petit écran, les commentaires d'un autre siècle au sujet des monu..... (endormie). Je reprends : sofa, télévision, Tour de France, cathédra..... (endormie). Passons.
À mes yeux incultes, le Tour de France c'est aussi quelques noms comme Hinault ou Merckx, c'est une caravane qui doit trimbaler les rois mages en secret, c'est du jaune et des pois, c'est de Holtz les vivas, c'est une myriade de petits ronds multicolores que sont les casques des coureurs depuis la caméra hélico, c'est l'inconscience de quelques allumés grimés (enfin, j'espère qu'ils sont grimés) au comportement téméraire et stupide... malheureusement. Malheureusement encore, ce rendez-vous de l'été représente pour moi des chutes effroyables et parfois fatales, le parfum moisi du scandale et je vous ferai grâce du reste. 
Mais aujourd'hui, comme je vous le dis, c'est à une déterminée curieuse que vous avez à faire, une Téhora qui a décidé que cet été la "Grande Boucle" elle découvrirait. Et pour tout vous dire, j'ai déjà commencé. Une nouvelle passion sportive naîtra peut-être en moi. Il y a des chances pour que je vous raconte ça un de ces jours.

Déracinés


Vous allez penser que je ne parle que de rugby à XIII et vous aurez raison... pour l'instant. Ce blog n'est pas exclusivement dédié à ce sport magnifique mais il s'avère que deux des plus beaux évènements de la discipline viennent de se produire à des milliers de kilomètres de distance l'un de l'autre. Après l'australo-australien State of Origin, voici l'anglo-australienne International Origin, largement inspirée de son grand cousin du sud de la planète. L'idée de base pour la fédération anglaise de rugby (RFL) était de pouvoir opposer son équipe nationale à une autre équipe de haut niveau en guise de test avant les rencontres officielles, comme la Coupe du Monde par exemple. Après maints remaniements, la fédération anglaise choisit l'option "mercenaires" en 2010 et nomme alors un coach chargé de sélectionner une équipe parmi les joueurs disputant l'ultra balaise championnat européen de Super League. Vous suivez ? Je préfère demander parce que la vraie complication est que sélectionneur et joueurs doivent tous être australiens ou néo-zélandais, des exilés quoi : les Exiles. Notre sympathique fédé possède alors son équipe mutante à présenter à son équipe officielle et le premier match eut lieu en 2011, le 10 juin et 12 à 16 en fût le score final et à l'avantage des visiteurs, les Exiles quoi. 2012 a vu naître une nouvelle ère dans la déjà toute jeune International Origin anglaise, le test-match est devenu série avec phase aller puis phase... vous aurez compris. Les échanges se sont soldés cette année par une égalité avec un match gagné pour la sélection anglaise contre un pour les Exiles. Et c'est à ce moment-là que toute le monde treiziste s'exclame en choeur et en stupeur : "Et il est où le decider ?". Allez, boudez pas, fans de Menzies ou de Dureau, la RFL a promis de développer encore l'International Origin et gageons que nous le verrons l'an prochain ce fameux decider européen.


Origines



Au cours des deux semaines écoulées a eu lieu l'un des évènements majeurs en Océanie, le très australien State of Origin. Considérons le championnat de rugby à XIII du Pacifique, le plus gros, le plus beau, la New Rugby League disputée par 15 clubs australiens plus 1 club néo-zélandais. Sur l'ensemble de ces 16 clubs, 10 proviennent des seuls états du Queensland et de la Nouvelle Galles du Sud et l'idée de génie a été, en 1980, de sélectionner les meilleurs joueurs parmi ceux originaires de ces deux régions (c'est à dire y ayant disputé leur première rencontre sénior) et évoluant en NRL pour en façonner deux équipes de rêve qui s'affronteront par trois fois chaque année. Pour résumer, le State of Origin c'est un peu comme un Rubik's Cube à deux couleurs : bleu et bordeaux.
Les "Maroons" du Queensland d'abord,  identifiés au crapaud buffle, tenants du titre suprême depuis 2006 et qui entendent bien le conserver alors que le New South Wales, les "Blues", aimerait bien redorer sa carapace de blatte et confisquer le bouclier pour 2012. Trois matchs en trois villes se dérouleront en quelques semaines à grand renfort de théâtralités gréco-burlesques, de public jusque dans les placards, de records d'audience télévisuelle, de courses de mascottes et autres pompom women certainement holographiques. Une "affaire d'honneur", une "affaire d'état" sont les expressions qui fusent en regions australes, excusant presque la bestialité des rencontres et l'engagement opiniâtre des joueurs. Pas de transgressions cependant, jamais, on joue selon les règles en vigueur et, par dessus tout, on respecte l'arbitre et ses décisions. C'est aussi une question d'orgueil, le fameux "À vaincre sans péril...". 
Rarement une série s'est terminée sur le score de 3 matchs à 0 et il ne fait nul doute que les meilleurs millésimes du State of Origin sont ceux qui comprennent un véritable "Decider", une "belle" après que les deux équipes aient gagné chacune l'une des deux premières rencontres. Ce fut le cas cette année, après des sessions I et II particulièrement âpres, le final s'est soldé par un tout petit point d'écart en faveur du Queensland.
Même si pour cette série encore les Blues ne sont pas allés jusqu'au bout de leur exploit, 2012 restera historique à bien des égards, ne serait-ce que pour les records d'audience générés par cet évènement... ne serait-ce que pour ce souhait enfin exaucé de voir quelques génies orientaux nous offrir d'y assister, ici en France.